Guide de création d’une APCA

Creative Commons License Le Guide de création d’une ACPA, élaboré par l’organisme Conservation through Reconciliation Partnership, est mis à disposition aux termes de la License Creative Commons Attribution-NonCommercial-Sharelike 4.0 International.

Qu’est-ce qu’une APCA?

Les nations et les communautés autochtones dirigent la création d’aires protégées et de conservation autochtones, ou « APCA ». C’est-ce qui rend les APCA uniques. Bien qu’elles varient selon le territoire et d’une nation à l’autre, les APCA ont toutes comme objectifs la conservation de la nature et le renforcement des droits et des responsabilités des Autochtones. 

En créant des APCA, les peuples autochtones renforcent leur relation avec leurs terres et leurs eaux ancestrales. Plusieurs raisons poussent les nations et les communautés autochtones à établir des APCA. Elles le font notamment pour :

  • partager leur vision à l’égard de leurs terres, de leurs eaux et de leurs communautés
  • attirer des ressources et renforcer leurs capacités de manière à concrétiser cette vision
  • obtenir le soutien des partenaires et des gouvernements 
  • soutenir la prise de décision concernant les terres, les eaux et les communautés
  • protéger les espèces et les lieux importants
  • renforcer les cultures, les systèmes de connaissances, les langues, les lois et les traditions autochtones
  • promouvoir l’apprentissage intergénérationnel
  • soutenir les économies locales, la santé et le bien-être des communautés
  • s’acquitter des responsabilités à l’égard des terres et des eaux pour les générations futures.

En 2018, le Cercle autochtone d’experts (CAE) a publié un important rapport sur les APCA. Le rapport s’intitule « Nous nous levons ensemble». Le CAE a intégré au rapport les points de vue des participants autochtones avec lesquels elle s’est entretenue dans tout le pays. Dans son rapport, le CAE formule 28 recommandations visant à soutenir la conservation et la réconciliation dirigées par les Autochtones. Les recommandations s’adressent principalement aux gouvernements (fédéral, provinciaux et territoriaux).

Dans le cadre de guide, le CRP a pris en compte les commentaires des membres de notre Cercle de leadership et ceux de nos partenaires. Il s’agissait notamment de tenir compte des expériences vécues par les Autochtones. Justine Townsend est l’auteure principale de ce guide, et nous remercions toutes les personnes qui ont contribué à sa réalisation. Ce guide est évolutif et sera mis à jour annuellement.

Guide de création d’une APCA

Vision

Des yeux et des voix en grand nombre

Comment intégrer l’expression d’une multitude de voix dans l’élaboration de la vision d’une ACPA?

  • Qui doit participer pour que la vision soit représentative des voix et des orientations exprimées par la (les) communauté(s)? (p. ex., la voix des leaders, des Aînés, des familles, des jeunes, des membres de la communauté, etc.)
  • Quels sont les autres groupes, communautés, nations qu’il serait utile d’inclure? (Aînés, groupes de jeunes et de femmes, dans les réserves et à l’extérieur des réserves, personnes 2ELGBTQ+, membres des communautés voisines, partenaires importants, etc.
  • Exemple : L’équipe de négociation de la Première Nation des Dénés de Lutsel K’e (territoire de l’Akaitcho/T.N.-O.) a organisé plusieurs séances d’information au sujet du projet d’accords d’établissement de Thaidene Nëné (c.-à-d. les modalités d’établissement négociées avec les partenaires des gouvernements fédéral et territorial). La nation a organisé un référendum communautaire avant d’aller de l’avant et de signer ces accords d’établissement. Voir la « troisième loi » ici.
  • Exemple : L’initiative du parc tribal Dasiqox Nexwagwez?an (territoire Tŝilhqot’in / C.-B.) a fait l’objet d’un vaste processus de mobilisation communautaire qui a permis de définir les objectifs et la vision.
    Ressource : Voir le document de Dasiqox Nexwagwez?an intitulé « Community Vision and Management Goals » et le « Public Engagement Summary Report » ici.

Quel processus permettra de déterminer les zones, les lieux et les espèces à protéger et à restaurer? (p. ex., planification de l’utilisation du territoire, vision communautaire, mobilisation communautaire, contribution des gardiens autochtones, savoir autochtone, etc.)
Ressource : Le rapport de l’Institut des ressources naturelles Unama’ki (2020) « Tan Telolti’k : How we are doing now » a permis de mettre en place un plan de gestion et un cadre décisionnel concernant les APCA dans l’Unama’ki (Mi’kmaw, N.-É.).

Processus

Comment la vision sera-t-elle élaborée?

  • Qu’est-ce qui a bien fonctionné dans le passé en matière d’engagement des membres et des leaders de la communauté?
  • Existe-t-il des protocoles ou des processus communautaires précis à respecter?
  • Comment maximiser la participation de la communauté? (p. ex., langue/traduction, communications écrites ou orales, accessibilité des réunions/emplacement, honoraires et réciprocité pour la participation, complémentarité avec d’autres rassemblements, etc.)
  • Comment adopter une approche qui tient compte des traumatismes dans le processus de mobilisation des communautés et dans l’animation des rencontres? (p. ex., concevoir le processus de manière à éviter de (re)traumatiser les participants)

Valeurs, principes, lois

  • Quels sont les valeurs, les principes et les lois qui sous-tendront les APCA?
  • Quels sont les objectifs à court et à long terme?
  • Existe-t-il d’autres initiatives susceptibles de soutenir cette vision et que l’APCA peut soutenir en retour? (p. ex., processus de planification, aires protégées et initiatives de conservation dans les environs, gardiens autochtones, négociations avec les gouvernements ou l’industrie, autres initiatives environnementales ou culturelles, etc.)
    • Ressource :  Webinaire sur les APCA et la planification des rapports fonciers, organisé par le CRP (2020)
  • Exemples d’énoncés de vision : 
    • Énoncé de vision  de l’APCA du lac Bistcho (Première Nation des Dénés Thá, Alb.)
    • Énoncé de vision de l’initiative du bassin versant de la rivière Seal (Première Nation des Dénés sayisi, en partenariat avec les voisins Cris, Dénés et Inuits, Man.)
    • Rapport de l’Institut des ressources naturelles Unama’ki (2020) « Tan Telolti’k: How we are doing now » comprend un énoncé de vision (p. 5)
  • Y a-t-il des zones importantes ou délicates sur le plan culturel, des lieux, des habitats ou des espèces qui doivent être protégés ou restaurés? (p. ex., sites sacrés ou historiques, zones de récolte, etc.)
  • Quels types de relations faut-il entretenir pour atteindre les objectifs de protection, de conservation et de restauration? (p. ex., les relations humaines, les relations écologiques, les relations culturelles, les relations intergouvernementales)
  • Qu’est-ce qui est important pour la(les) communauté(s) et comment cela peut-il être amélioré? (p. ex., la santé, le développement économique, la langue, les cérémonies, les aliments traditionnels, le partage intergénérationnel, la gouvernance, etc.)
  • L’accès aux lieux importants doit-il être amélioré, restauré, protégé ou interdit? (p. ex., sentiers, routes, voies navigables, fermetures, etc.)
  • Quels sont les domaines importants au maintien ou la démonstration de compétence? (p. ex., pour la négociation des traités, les accords de reconnaissance des droits, les causes relatives aux droits ancestraux et aux droits issus de traités)

Financement

Planification

  • De quel budget avez-vous besoin pour établir et gérer votre APCA (c.-à-d. pour couvrir les frais d’établissement et de fonctionnement)? 
    • Astuce : Tenez compte des responsabilités, des fonctions et de l’infrastructure pour déterminer les salaires et les honoraires, les besoins en formation, les coûts de coordination, frais juridiques et d’entreprise, les études, les coûts de communication et les investissements en immobilisations.
    • Astuce : Tenez compte des coûts associés à l’établissement et à la gestion de partenariats et à la collecte de fonds.

Sources de revenus

  • Financement privé / philanthropique
    • Exemple : Les bailleurs de fonds et les organismes partenaires sans but lucratif (ONG) peuvent fournir des dons de bienfaisance (p. ex., des terres, un soutien en nature et financier) ou des subventions et un soutien à la collecte de fonds, à l’acquisition de terres privées, à la création de fiducies foncières et au rachat de tenures forestières et minières)
      • Astuce : Pour recevoir des fonds d’une fondation de bienfaisance, il peut s’avérer nécessaire d’être enregistré comme organisme de bienfaisance. Les organismes sans but lucratif diffèrent des organismes de bienfaisance. Voir la définition du gouvernement du Canada ici.
      • Astuce : Les ONG peuvent apporter leur soutien à l’obtention d’un financement pour les APCA. Ils peuvent notamment acheminer des fonds par l’intermédiaire de leur organisme si vous n’avez pas de numéro d’enregistrement à titre d’organisme de bienfaisance. Les ONG peuvent également apporter un soutien stratégique, technique et scientifique.
  • Financement du gouvernement fédéral, provincial et territorial
  • Fonds de fiducie et de dotation
    • Ce type de fonds comprend généralement un investissement initial (p. ex., par l’entremise d’une collecte de fonds et de donateurs privés, de contributions gouvernementales ou de revenus autonomes). Les revenus sont investis par un gestionnaire de fonds et génèrent d’autres revenus. En règle générale, l’organisation reçoit les revenus de l’investissement tandis que le principal (la somme d’argent principale) est réinvesti afin d’assurer sa croissance.
      • Exemple : La Première Nation des Dénés de Lutsel K’e (PNDLK, T.N.-O.) a créé le Fonds Thaidene Nëné pour financer les activités de gestion et le fonctionnement. Le gouvernement fédéral a apporté une contribution équivalente aux 15 M$ amassés par Nature United et le PNDLK (pour un total de 30 M$). La PNDLK gère le fonds et ne dépense que les intérêts annuels et les revenus des investissements de manière à veiller sur Thaidene Nëné.
      • Exemple : Coast Funds, un investissement de 118 M$ auquel ont contribué des fondations privées, la province de la Colombie-Britannique et le gouvernement du Canada, qui soutient les Premières Nations côtières de la forêt pluviale de Great Bear et de Haida Gwaii en Colombie-Britannique.
      • Exemple : La Première Nation de Walpole Island (Ont.) a créé le Walpole Island Land Trust. La fiducie détient des certificats de possession pour les terres de la nation et possède et loue des terres privées.
    • Exemple : Institut des ressources naturelles Unama’ki (N.-É.) a acheté des terres destinées à la création d’une APCA avec le soutien de la province et du Fonds de la nature du Canada. Ces terres seront détenues en fiducie. Pour en savoir plus, voir ce billet de blogue.
  • Revenus autonomes
    • Projets de développement et coentreprises
      • Exemple : La Nation Tla-o-qui-aht (C.-B.) est un propriétaire majoritaire de Canoe Creek Hydro, un projet hydroélectrique au fil de l’eau qui génère de l’électricité renouvelable, des emplois locaux et des revenus pour la nation.
    • Compensation des émissions de carbone
    • Redevances pour services écosystémiques
      • Exemple : Par l’intermédiaire de son programme des Alliés des parcs tribaux (Tribal Park Allies), la Nation Tla-o-qui-aht gère un fonds de redevances volontaires pour les services écosystémiques. Pour être certifiées en vertu du programme, les entreprises opérant sur le territoire de la Nation Tla-o-qui-aht acceptent de reverser 1 % de leurs bénéfices au programme des Alliés des parcs tribaux qui, à son tour, soutient les quatre parcs tribaux de la Nation Tla-o-qui-aht.
    • Tourisme
      • Exemple : La Nation Kitasoo/Xai’xais (C.-B.) possède et exploite le Spirit Bear Lodge à Klemtu, dans la forêt pluviale de Great Bear. Les profits financent des initiatives de conservation, notamment la Kitasoo/Xai’xais Stewardship Authority.

Gouvernance

  • Qui prendra les décisions concernant le fonctionnement et la gestion de l’APCA?  
  • Comment les systèmes de gouvernance autochtones influenceront-ils la manière dont vous établirez et veillerez sur votre APCA?  (p. ex., les gouvernements des conseils de bande et les chefs héréditaires / systèmes de gouvernance traditionnels)
  • Comment sera-t-il possible de maintenir l’autorité et le leadership autochtones dans le cadre des partenariats avec des organisations externes?

Uniquement autochtone

  • Nation(s) autochtone(s), en vertu du droit à l’autonomie gouvernementale
    • Exemple : Certains gouvernements autochtones gèrent leurs APCA en vertu d’un mandat octroyé par le chef et le conseil, et avec l’aide d’employés et d’experts-conseils (c’est le cas du Parc tribal Dasiqox Nexwagwez?an, et des parcs tribaux de Tla-o-qui-aht).
    • Ressources :  Webinaire sur la gouvernance des parcs tribaux Tla-o-qui-aht
    • Exemple : L’Assemblée des chefs mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse est à la tête de l’organisme Sespite’tmnej Kmitkinu Conservancy. Quatre organisations mi’kmaq coordonnent l’initiative.

La cogouvernance

  • Gouvernance conjointe avec la Couronne, sur la base d’accords
    • Certaines APCA ont mis en place des conseils de gestion dont les membres sont nommés et qui ont pour mandat de mettre en œuvre les directives en matière de gestion et de fonctionnement.
      • Exemple : La Première Nation des Dénés de Lutsel K’e (PNLK) a négocié des accords d’établissement avec Parcs Canada et le gouvernement des T.N.-O. qui définissent les conditions d’établissement de Thaidene Nëné et le rôle de chacune des parties. Thaidene Nëné Xá Dá Yáłtı est le conseil responsable de superviser le fonctionnement et la gestion de Thaidene Nëné (T.N.O.). La PNDLK, Parcs Canada et le gouvernement des T.N.-O. (les « parties ») sont représentées à parts égales au sein du conseil de gestion. Le conseil de gestion s’appuie sur un processus décisionnel fondé sur le consensus pour s’exprimer au nom de Thaidene Nëné. Le conseil formule des recommandations aux parties.
      • Ressources : Un résumé des deux accords et une copie de l’accord avec le gouvernement des T.N.-O. sont disponibles ici.
      • Exemple : Le conseil de gestion de l’archipel de Gwaii Haanas est composé de membres du Conseil de la Nation Haïda, de Parcs Canada et de Pêches et Océans Canada (C.-B.). Ensemble, ils prennent des décisions communes en vue de la mise en œuvre du plan de gestion.
      • Ressources : La bande dénée de Fort Good Hope, la Société foncière Yamoga, la Nation des Métis de Fort Good Hope, la Société foncière Ayoni Keh et la Première Nation Behdzi Ahda ont signé un accord d’établissement avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. L’accord décrit un processus d’établissement et de cogestion de Ts’udé Nilįné Tuyeta (T.N.-O.).
      • Exemple : La Première Nation de Curve Lake (PNCL, en Ontario) a créé le Comité consultatif de Kinomaage-Waapkong pour travailler de concert avec le ministère des Ressources naturelles et Parcs Ontario. Le comité veille à la bonne gestion du site sacré du parc provincial Petroglyphs (Ont.). Des Aînés, des jeunes, un Conseiller et des membres de la communauté de la PNLC (ainsi que des représentants du gouvernement) siègent au comité.
      • Exemple :  La Qikiqtani Inuit Association (QIA) et le gouvernement du Canada ont signé une Entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuits (2019) pour établir l’aire marine nationale de conservation Aire marine nationale de conservation Tallurutiup Imanga (AMNC) dans le détroit de Lancaster (Nt). Un conseil de gestion mixte, composé à parts égales de représentants inuits et du gouvernement du Canada sera mis sur pied. Pour assurer l’intendance de l’AMNC, le conseil de gestion s’appuiera sur un processus décisionnel fondé sur le consensus et sur le Qaujimajatuqangit (savoir inuit).
      • Exemple : En collaboration avec le gouvernement de la C.-B., le Conseil central Tahltan (C.-B.) s’est appuyé sur la législation provinciale en matière d’aires protégées pour créer Mt. Edziza Conservancy. (2021). Les organismes de conservation permettent l’adoption d’une cogouvernance en matière d’utilisation du territoire par les Premières Nations à des fins sociétales, cérémonielles et culturelles.

Cadres et processus

  • Qui peut contribuer à l’élaboration d’un plan concernant la prise de décision à l’égard de l’APCA? (p. ex., les leaders, les détenteurs de savoir, les Aînés, les avocats, les conseillers, etc.)
  • Comment les décisions seront-elles prises de façon à respecter les valeurs et les objectifs de la (des) nation(s) et de la (des) communauté(s) dans le cadre de l’APCA? 
    • Comment les lois autochtones et la gouvernance autochtone/traditionnelle peuvent-elles contribuer à la prise de décision?
    • Comment les membres de la communauté, y compris les Aînés et les jeunes, peuvent-ils participer à la prise de décision? 
    • Comment faire participer les gardiens autochtones, qui sont les yeux et les oreilles des communautés sur le territoire?
    • Exemple : Certaines nations élaborent un plan ou une stratégie de gestion qui décrit les objectifs, les processus décisionnels, les échéances, etc.
  • De quelle façon les différends seront-ils traités?
    • Existe-t-il des processus et des protocoles de médiation des conflits culturels/traditionnels qui peuvent être utiles?
    • Exemple : Thaidene Nëné Xá Dá Yáłtı (conseil de gestion pour Thaidene Nëné) prend ses décisions par consensus. Si un désaccord ne peut être résolu, il sera soumis à un processus de médiation. L’enjeu sera ensuite soumis au chef de la Première Nation des Dénés de Lutsel K’e ainsi qu’au ministre pour décision.

Partenariats

Soutien

  • Quels types de soutien vous seraient utiles pour mettre en place votre APCA et en prendre soin? (p. ex., aspects juridiques, financiers/collecte de fonds, formation, fonctionnement, surveillance, achat de terres, d’équipements/infrastructures, intendance, etc.)

Alliés

  • Qui serait-il pertinent d’avoir comme partenaires? (p. ex., les nations et organisations autochtones, ONG, gouvernements et agences de la Couronne, universités, municipalités, etc.)
    • Exemple : Certains gouvernements autochtones gèrent seuls leurs APCA (p. ex., Dasiqox Nexwagwez?an avec le soutien d’organisations philanthropiques, Tla-o-qui-aht Tribal Parks avec le soutien d’entreprises locales, ou des Alliés des parcs tribaux) tandis que d’autres ont des partenaires avec lesquels ils partagent les responsabilités de gouvernance et de financement (p. ex., Thaidene Nëné, Gwaii Haanas).
    • Exemple : La Confédération des Pieds-Noirs (Nation Blackfeet, Nation Kainai, Nation Piikani et Nation Siksika) a lancé l’initiative Iinnii afin de rétablir et de protéger les relations sacrées avec les iinnii (bisons) de part et d’autre de la frontière canado-américaine. En 2014, de nombreuses personnes ont signé le Buffalo Treaty, qui est célébré et renouvelé chaque année. Le zoo d’Oakland (Californie) soutient l’élevage naturel des iinnii (bisons), afin qu’ils puissent à nouveau se déplacer librement sur le territoire de la tribu des Blackfeet dans le Montana.
    • Exemple : L’Alliance Muteshekau-shipu œuvre pour la protection du Muteshekau shipu (la rivière Magpie) au Québec. L’Alliance est composée de la Première Nation innue d’Ekuanishit, de la municipalité régionale de comté de Minganie, de SNAP Québec (section québécoise de la SNAP) et d’Eaux-Vives Minganie (ONG représentant les sports en eau vive). En 2021, l’Alliance a déclaré que la rivière était une personne morale dotée de neuf droits. Les membres du Conseil des Innus d’Ekuanitshit seront les gardiens de la rivière.
    • Exemple : Uapashkuss, une organisation innue (Québec), et SNAP Québec ont lancé le projet Pakatakan visant la reconnaissance et la protection des sites naturels sacrés innus.
    • Exemple : La Première Nation de Shawanaga (Ont.) a créé l’IPCA de l’île Shawanaga dans la réserve de biosphère de la baie Georgienne. Divers partenaires apportent leur soutien à l’APCA.
  • Quelles sont les possibilités d’améliorer la compréhension et le soutien de l’APCA de la part des municipalités voisines, des propriétaires d’entreprises locales et du public?
  • Quelles sont les possibilités d’améliorer la compréhension et le soutien de l’APCA au sein des gouvernements et agences fédéraux/provinciaux/territoriaux?
    • Exemple: SNAP Québec (ONG), en collaboration avec la Fondation David Suzuki et l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador, a organisé un symposium d’une journée sur les APCA (Québec). Les Premières Nations ont présenté leurs projets d’APCA aux représentants des gouvernements du Québec et du Canada.

Fonctionnement et intendance

Capacité

  • Quelles sont les lacunes en matière de compétences ou de capacités qui doivent être comblées afin d’aider les dirigeants et le personnel à accomplir ce travail?  
  • Qui pourrait partager ses connaissances ou aider à former des personnes pour renforcer cette capacité?
  • Sera-t-il nécessaire de créer de nouveaux postes? (p. ex., président du conseil de gestion, directeur de l’APCA, conseiller, agent de liaison, coordonnateur communautaire, etc.)
  • Comment l’APCA pourrait-elle soutenir le partage des connaissances entre les générations?

Gardiens

Systèmes de connaissances

  • Quels types de connaissances vous permettront d’établir votre APCA ou d’interagir avec elle? (p. ex., histoire orale, enseignements culturels, données, rapports, etc.)
    • Exemple : La Première Nation des Dénés Tha’ a recours aux connaissances traditionnelles et à la science occidentale pour la surveillance de l’environnement et des caribous dans l’APAC du lac Bistcho (Alb.).
    • Exemple : L’approche à double perspective s’appuie sur les connaissances autochtones et les sciences occidentales.
  • Dans quels types d’activités ou de processus les différents systèmes de connaissance peuvent-ils être mis à contribution? (p. ex., dénomination/langue, recrutement, orientations en matière de gestion, communications et rapports, etc.)
  • Comment votre APCA pourrait-elle contribuer à renforcer les langues autochtones?

Surveillance

  • Comment pourriez-vous mesurer les progrès accomplis dans la réalisation de vos objectifs de conservation et de protection? 
    • Exemple : Les gardiens de la Première Nation de Miawpukek (T.-N.-L.) surveillent diverses activités de récolte.
    • Exemple : La Première Nation des Dénés Tha’ (Alb.) a conçu une application mobile qu’ils utilisent pour consigner les connaissances scientifiques autochtones et occidentales dans l’APCA du lac Bistcho. S’appuyant sur les connaissances autochtones relatives au caribou, la nation a mis en place un réseau de caméras pour surveiller les caribous et d’autres animaux sauvages.

Communication et relations

Diffusion de messages

Négociations

  • Est-il judicieux d’assurer la coordination des communications avec les négociations en cours ou potentielles avec les gouvernements ou l’industrie?

Concevoir pour réussir

Industrie

  • Comment seront traitées les tenures détenues par des entreprises de l’extérieur (p. ex., exploitation minière, foresterie, pêche commerciale, développement) si elles menacent la viabilité de l’APCA?
    • Exemple : Le Conseil de la Nation Ktunaxa a collaboré avec Conservation de la nature Canada (CNC) pour racheter les tenures d’exploitation des ressources qui menaçaient l’établissement de Qat’muk Tribal Park (C.-B.). Le financement provenait de CNC, Environnement et Changement climatique Canada (Fonds de défis) et de sources philanthropiques.
    • Exemple : À Thaidene Nëné, des zones clés menacées par l’exploitation minière ont bénéficié d’une protection provisoire dans le cadre d’importantes « aliénations de terres » en 1970 et en 2007, ce qui a permis d’arrêter l’exploitation minière durant les négociations. Parcs Canada a promulgué le premier décret d’inaliénabilité et le second a été négocié dans le cadre du Processus de l’Akaitcho.

Terres privées

  • Le cas échéant, comment la question de la propriété foncière privée pour ou dans l’APCA peut-elle être abordée?
    • Exemple : Le W̱SÁNEĆ Leadership Council (C.-B.) a travaillé avec The Land Conservancy of B.C., qui a acheté puis transféré la propriété de SISȻENEM (Halibut Island) à la nation. Le W̱SÁNEĆ Leadership Council gère désormais officiellement le SISȻENEM, un lieu culturel important.
    • Exemple : La fiducie foncière dirigée par les Mi’kmaq Sespite’tmnej Kmitkinu Conservancy a acheté des terres qui lui permettront de protéger un site sacré, la grotte de Kluskap. https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/first-nations-conserve-land-1.6027074 
    • Exemple : Les Chippewas de Nawash (Ont.) et la Fiducie du patrimoine ontarien (une agence provinciale) ont travaillé ensemble pour acheter Nochemowenaing. En 2011, les deux groupes ont signé un accord de cogestion qui définit les responsabilités partagées à l’égard de ce lieu sacré.
    • Exemple : La Première Nation de Walpole Island (Ont.) a créé le Walpole Island Land Trust en 2008. Par l’entremise de la fiducie foncière, la nation s’associe à d’autres organisations pour acheter ou assumer la responsabilité sur des terres et des eaux qu’elle protège ensuite.